Publié le 30/08/2023
Le Luxembourg City Film Festival, dont la sélection se trouve particulièrement variée et enrichie cette année, donne le coup d’envoi de sa 10e édition ce jeudi 5 mars.
Pour entamer son 10e anniversaire, le Luxembourg City Film festival n’entend pas faire profil bas et confronte dès son ouverture le sujet brûlant qui fait vaciller la planète cinéma depuis plus de deux ans : l’intimidation et les abus sexuels, notamment auprès des femmes. En effet, le festival s’ouvre en grande pompe avec le très attendu Promising Young Woman, thriller britannique sur une jeune femme assoiffée de revanche suite à des abus vécus dans son passé. Réalisé par Emerald Fennell, scénariste des épisodes de la deuxième saison de la série-événement Killing Eve mais aussi actrice dans The Crown où elle campe le personnage de Camilla Shand, Promising Young Woman a fait sensation à Sundance.
Cette comédie noire centrée sur une chasseuse de prédateurs sexuels est sans conteste le premier bon coup du festival dont la sélection ne manque pas d’évoquer plus généralement la place des femmes au sein de sociétés en pleine transformations. Pensons par exemple à La Bonne Épouse, septième long-métrage de Martin Provost : le réalisateur de Séraphine et Sage Femme met en scène le trio gagnant formé par Juliette Binoche, Yolande Moreau et Noémie Lvovsky dans cette comédie légère campée dans la France des années 1960. En film de clôture, Yalda, la nuit du pardon sera présenté par Massoud Bakhshi : un drame captivant coproduit avec le Luxembourg (Amour fou) qui a remporté à Sundance la compétition internationale. Le film suit les pas d’une jeune iranienne condamnée à mort devant obtenir le pardon de ses accusateurs via une émission de télé-réalité populaire. Le premier passage à la réalisation de l’actrice et chanteuse britannique Billie Piper, Rare Beasts, prend pour sa part les allures d’un étrange manifeste postféminisme questionnant la fragilité des femmes dans un monde patriarcal en déclin. Avec Overseas, Sung-A Yoon s’intéresse aux parcours de femmes déployées à partir des Philippines comme aides ménagères ou nounous à travers le monde.
Dans ce contexte, qui de mieux que Marjane Satrapi (autrice de bandes dessinées, cinéaste et militante des droits de l’homme) pour présider le jury de la compétition officielle. Parmi les dix longs-métrages sélectionnés, on retrouve le post-apocalyptique Atlantis de Valentyn Vasyanovych qui donne à voir une Ukraine ravagée et désertique. L’australien (et rafraîchissant) Babyteeth de Shannon Murphy suit les pas d’une adolescente atteinte d’une maladie grave tandis qu’elle tombe amoureuse d’un jeune anticonformiste. Mosquito du réalisateur João Nuno Pinto, qui s’est inspiré de la vie de son grand-père, plonge dans la mystique savane du Mozambique au cours de la Première Guerre Mondiale pour raconter le périple atypique d’un soldat portugais. Les français Benoît Delépine et Gustave Kervern (dont la présence au Luxembourg a été annoncée), présenteront leur 8e film Effacer l’historique qui vient de décrocher l’Ours d’argent Spécial de la 70e Berlinale.
Côté documentaire, la sélection se veut tout aussi prometteuse, avec notamment la présentation du dernier film de Sébastien Lifshitz, Adolescentes : l’auteur de Les Invisibles, Les Vies de Thérèse, Bambi, poursuit son exploration des parcours de vies, et dresse ici le portrait croisé de deux jeunes filles entre le Brevet des collèges et le Baccalauréat.
La réputée sélection « Made in / with Luxembourg » compte les très attendus Jumbo de Zoé Wittock, Dreamland de Bruce McDonald, ou encore Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec qui sera projetté gratuitement à l’occasion d’une levée de fonds au profit de l’association Stand Speak Rise Up veillant à la défense des femmes victimes de crimes sexuels en temps de guerre. Finalement, le documentaire Tune Into the Future d’Eric Schockmel (Samsa Film) retrace la vie du luxembourgeois Hugo Gernsback, l’homme ayant inventé le terme même de science-fiction.
La traditionnelle soirée des courts-métrages luxembourgeois, les masterclass de Costa-Gavras et de Jean-François Laguionie (Le Voyage du prince) viendront embellir la riche programmation du Luxembourg City Film Festival qui lance par ailleurs ses premiers « Industry Days ». Sans oublier, évidemment, le Pavillon Réalité Virtuelle qui prend ses nouveaux quartiers à Neimënster avec, grande nouveauté de 2020, une prometteuse compétition officielle dédiée aux nouvelles écritures.
Fabrizio Maltese, Guy Daleiden, Guilhem Caillard, Myriam Achard, Boyd van Hoedj et Johanna Caraire