Remarquée dès 1979 et son premier moyen-métrage, Strass Café, Léa Pool se révèle au grand public avec sa deuxième œuvre, La Femme de l’hôtel (1984), film qu’elle a écrit et réalisé. Et qui porte sa signature : un style singulier, une manière d’être, une façon de raconter, non pas une histoire, mais un état d’âme. « Toujours ce blues féminin, ce soin apporté au langage caméra, ces silences remplis d'angoisse, où l’art et l’amour tentent de combler des vides demeurés béant » (Odile Tremblay, LE DEVOIR).
Ici et ailleurs, La Femme de l’hôtel récolte les honneurs : Prix de la presse internationale au Festival des films du monde de Montréal, Prix de la critique de l’Association québécoise des critiques de cinéma, Prix d'excellence du cinéma canadien au Festival of Festivals de Toronto, Prix de la meilleure actrice féminine (Louise Marleau) au Festival international du film de Chicago… Et Léa Pool, à 34 ans, est lancée.
La nouvelle sensation du cinéma québécois avait quitté la Suisse, son pays d’origine, neuf ans plus tôt, pour s’établir à Montréal, où elle vit toujours. La métropole est d’ailleurs très présente dans La Femme de l’hôtel, comme elle le sera aussi dans son deuxième long-métrage, Anne Trister (1986), présenté en compétition officielle au Festival de Berlin. En 1999, Léa Pool retournera dans la capitale allemande, toujours en compétition, pour Emporte-moi, avec Karine Vanasse dans son premier rôle. La réalisatrice reviendra chez elle avec le Prix spécial du jury œcuménique et des critiques élogieuses : « Le tourment de l'adolescence dans une famille malheureuse est décrit avec habileté et sensibilité par la cinéaste Léa Pool » (THE NEW YORK TIMES), « Aucun des films de Léa Pool ne m'a procuré autant de plaisir qu’Emporte-moi. Un récit d'une merveilleuse fraîcheur… » -THE TIMES, LONDRES.
À la même époque, Léa Pool explore de nouveaux territoires, et tourne en anglais deux longs-métrages coup sur coup. Lost And Delirious, basé sur le roman canadien-anglais The Wives of Bath, est projeté aux États-Unis, à Sundance, où il sait se distinguer. Selon le regretté Roger Ebert, le très influent critique américain, c’est « l'un des films les mieux conçus et les plus professionnels du Festival ». Ensuite, Léa Pool s’envole pour le Costa Rica avec Pascale Bussières et l’acteur oscarisé William Hurt à la poursuite du morpho bleu, un papillon très rare. Le scénario de The Blue Butterfly, une coproduction Québec-Angleterre, est largement inspiré d'un épisode de la vie du fondateur de l’Insectarium de Montréal, Georges Brossard.
Entre deux longs-métrages, Léa Pool, également documentariste, signera entre autres un portrait extraordinaire de Gabrielle Roy, et pilotera une enquête internationale sur l’industrie du ruban rose, Pink Ribbons Inc.
Avec ses films vendus et vus dans le monde entier, certains dans plus de 40 pays, et une présence aux plus importantes manifestations cinématographiques, de Venise à Shanghai, de Göteborg à New York, Léa Pool est une fière ambassadrice de sa terre d’adoption et du talent québécois. Mais le vieil adage qui dit que « nul n’est prophète en son pays » ne s’applique pas à la réalisatrice du récent film d’époque La passion d’Augustine, l’un des champions au box-office québécois en 2015. Il n’est donc pas étonnant que l’apport artistique de Léa Pool ait été reconnu par les institutions au fil des années. Notamment en 2006, alors qu’elle recevait le Prix Albert Tessier, la plus haute distinction attribuée par le gouvernement québécois à une personne pour sa contribution remarquable aux domaines de l’audiovisuel ou des arts de la scène au Québec. Et en 2013, elle est devenue membre de l'Ordre du Canada.